1980 ✙ FREDBEAR'S FAMILY DINER

Rapport du 26 Septembre 1980, 19h08

La pizzeria Fredbear’s Family Diner a finalement ouvert ses portes, après dix longs mois de travail. Henry a acheté de nouveaux costumes, pour donner une identité à la marque. Le sien est rose, le mien violet. Il n’a jamais vraiment eu de goût vestimentaire, je n’en attendais pas moins de lui. Ils sont hideux, mais les clients ont eu la gentillesse de ne pas nous en tenir rigueur.

Notre petit bijou de technologie, le premier prototype d’animatronique Fredbear, a enfin connu son heure de gloire. Les clients l’ont apprécié, mais ne m’ont pas paru plus impressionné que ça. Je savais qu’il fallait présenter le renard en premier, Henry ne m’a pas écouté. Les ours ont trop mauvaise réputation aujourd’hui, les renards, au moins, ont l’avantage d’être mignon. Malheureusement, Foxy doit encore passer une batterie de tests avant sa mise en service. J’ai hâte qu’il sorte de l’atelier. Il a toujours été mon préféré.

Les clients ne se sont pas rendu compte que les pizzas étaient surgelées, c’est un bon point. Tout l’argent de la pizzeria est allé dans les robots, il a fallu faire des choix stratégiques. Rien ne vaut une pizza au micro-ondes pour réchauffer les coeurs. La journée a été rude, mais je suis plutôt satisfait.

En revanche, je me demande où a bien pu passer Henry. Il a disparu mystérieusement, en plein milieu de la cérémonie d’ouverture. Je pense avoir géré, mais un coup de main aurait été grandement apprécié, n’est-ce pas, Henry ? Ne fais pas l’innocent, je sais que tu lis mes rapports quand j’ai le dos tourné.

J’ai testé Fredbear ce soir, avant la désactivation. Aucun problème majeur détecté. Quelques boulons et ressorts ont sauté dans la jambe droite. Je m’en occuperais demain.

Rapport du 27 Septembre 1980, 14h24.

Henry n’est pas venu travailler aujourd’hui. Mes appels sont restés vains, j’espère qu’il se porte bien. La journée n’a pas franchement été bonne.

La presse est venue aujourd’hui, pour admirer Fredbear. Ils ont adoré mes explications sur la conception de l’exosquelette de l’animatronique, une exclusivité qui n’est visible qu’ici. Cependant, quand j’ai voulu leur faire une démonstration, en faisant danser Fredbear comme nous le faisons d’habitude, quelque chose a bloqué les circuits du robot. Je ne suis pas parvenu à ouvrir le ventre de l’ours, je crois que les soudures ont mal été faites. Je suis pourtant sûr d’y avoir fait attention, c’est étrange.

Un liquide rouge a également coulé des jambes du robot. J’ai cru à de la rouille, dans un premier temps, mais je me suis vite rendu compte qu’il s’agissait de sang. La presse a adoré ! La pizzeria fait déjà les gros titres à l’heure qu’il est : “Un robot qui saigne dans la nouvelle pizzeria”. La police et l’inspection sanitaire doivent passer demain. Je me suis débarrassé de toutes les pizzas surgelées. Je ne suis pas certain qu’ils approuvent ce choix économique.

Quand la pizzeria sera fermée, je forcerai l’ouverture de Fredbear.

Rapport du 27 Septembre 1980, 19h56.

J’ai trouvé ce qui bloquait les circuits de Fredbear. C’était le cadavre d’une gamine. Je ne sais pas quoi faire. Henry ne répond toujours pas. Le restaurant ne peut pas fermer maintenant ! J’ai recouvert le corps et je l’ai jeté dans la grande benne derrière, juste avant le passage du camion-poubelle. J’espère que ce sera suffisant. Je ne vais pas en dormir de la nuit.

Rapport du 29 Septembre 1980, 18h22.

La police n’a rien trouvé contre la pizzeria. Des techniciens ont ouvert Fredbear pour vérifier que rien ne se cachait à l’intérieur. Ils ignorent d’où provient le sang. J’ai tout nettoyé à l’intérieur, ce n’était pas beau à voir. La mauvaise nouvelle, c’est qu’une famille a signalé la disparition de sa fille, ce matin. Ils veulent nous coller un procès pour enlèvement. Je suis resté aussi calme que possible, pour éviter de paraître coupable.

En attendant, la pizzeria est bouclée jusqu’à nouvel ordre. Je peux néanmoins toujours accéder aux locaux, pour gérer le nettoyage. Mine de rien, c’est une bonne nouvelle. L’inspecteur sanitaire n’a rien trouvé mais j’ai la nette impression qu’il va nous garder à l’oeil un bon moment. Au moins, on n’a pas à faire de pizzas pour quelques jours, ça permettra de faire des économies.

Malgré tout, j’en tremble toujours. Je pense aux parents de cette pauvre gamine, qui ne se doutent de rien et espèrent toujours la revoir. Pourrais-je vivre avec ça sur la conscience ? Et si jamais la police remontait jusqu’à moi ? Je doute maintenant fort de revoir Henry un jour. Je suis certain que c’est lui qui a fait le coup.

Rapport du 3 Octobre 1980, 15h06

J’ai profité de la fermeture pour prendre quelques jours de repos. Ce matin, j’ai profité du calme pour aller à l’atelier et travailler un peu sur le prototype de Foxy. L’exosquelette tient le coup, mais j’ai dû alléger le costume pour qu’il tienne debout. J’avoue qu’il a quelque chose d’assez effrayant avec toute cette fourrure en moins. Je suppose que si je le fait passer pour un pirate, on pourra enfin le mettre sur la scène principale. Ou mieux, lui créer un espace pour lui tout seul.

Toujours pas de nouvelle de Henry. Tant pis pour sa paie, j’ai tout gardé pour moi. Je songe à le virer. C’est ce que les patrons sont censés faire quand un employé ne vient pas travailler pendant un moment. Mais, quelque part, c’est lui qui m’a embauché. Qu’est-ce que je suis censé faire ? J’ai fouillé dans les papiers pour retrouver son contrat. Ce soir, je le changerais pour me mettre gérant de l’établissement. La pizzeria ne va pas tourner toute seule, on a besoin de personnel.

Et… Il y a eu ce moment étrange tout à l’heure. J’ai nettoyé la boîte de la marionnette. C’est notre premier essai d’animatronique, il n’y a pas d’exosquelette à l’intérieur. Des ficelles permettent simplement de la faire sortir de la boîte quand quelqu’un la gère derrière le mur. Par conséquent, sans aide humaine, elle ne peut pas bouger. D’où son nom.

Ce matin, pourtant, le haut de son corps pendait de la boîte. Personne n’est venu, j’en suis certain, il n’y a qu’une porte et seul Henry et moi avons la clé. J’ai pensé à Henry, mais comment serait-il parvenu à entrer avec la police qui surveille les entrées et les sorties ? J’espère que ce n’est qu’une mauvaise blague d’un officier, je me suis presque pissé dessus. Contrairement à Fredbear, la marionnette n’est pas du genre à se faire câliner.

Quoi qu’il en soit, je l’ai enfermée dans sa boîte, et j’ai placé plusieurs briques dessus. J’ai aussi installé une caméra, pour m’assurer que ce petit enfoiré ne recommence pas sans être pris. Aucune chance que je ne reste plus longtemps ici, cet endroit me fout les jetons. Je rentre.

Rapport du 4 Octobre 1980, 10h47.

D’accord. Maintenant je me pisse dessus. Cette histoire de marionnette m’a rongé toute la nuit, je suis venu plus tôt pour regarder ce que la caméra avait filmé.

Grande nouvelle : ce cher Henry a fait une apparition. Il a récupéré une hache rouillée et il a fui comme un lâche. Le bureau était dérangé ce matin, il a sans doute cherché les contrats. Dommage, ils étaient chez moi. Si ce chien veut effacer les traces derrière lui, il peut compter sur moi pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Quand il a quitté le bâtiment, il s’est passé un truc vraiment étrange avec la boîte de la marionnette. Vers deux heures du matin, toutes les briques sont tombées et elle s’est redressée, toute seule. Elle est restée immobile jusqu’à six heures du matin, le visage tourné vers la caméra. On aurait dit qu’elle savait qu’il y en avait une. Son regard avait quelque chose… d’humain. Je sais que c’est idiot, mais c’est comme si elle était vivante.

A six heures du matin pile, elle est retombée sur le rebord de sa boîte, exactement dans la position dans laquelle je l’ai trouvée hier. Je n’y ai pas touché. J’ai trop peur qu’elle me saute au visage. Ou pire. Le meurtre, je peux supporter, mais une marionnette hantée flippante, c’est trop pour moi.

Je songe sérieusement à fermer la pizzeria pour de bon. Ou tout du moins à bouger sa location. Gâcher dix ans de travail sur les animatroniques est ridicule. C’est Henry qui avait choisi cet endroit, je ne l’ai jamais aimé.

Le Colorado. C’est là que je veux aller. Plus de meurtres. Plus de marionnette hantée. Un nouveau départ.