1984 ✙ CIRCUS BABY'S PIZZA WORLD

Entrée du 6 Septembre 1984, 23h45 - Retranscription écrite

Encore une dure journée de labeur. Les nouveaux Animatroniques sont presque achevés maintenant et l’euphorie commence à prendre de l’ampleur dans l’atelier, même si j’ai l’impression de travailler seul depuis quelques jours. Henry est cloîtré dans son bureau et n’en sort plus beaucoup.

J’espère qu’il ne prévoit pas d’empaler des petites filles dans les nouveaux costumes. Je veux dire… Sur Freddy, c’était de la fourrure, ça se lave, mais là, ils sont blancs, ça va faire tâche. Je ne devrais vraiment pas plaisanter avec ça, ça va nous porter la poisse. Rien que d’y penser j’en ai la chair de poule.

J’aime beaucoup les nouveaux Animatroniques. Henry a insisté pour garder un Freddy et un Foxy. J’étais contre, mais j’ai réussi à lui faire abandonner son projet de Chica et de Bonnie. Je soupçonne cependant qu’il travaille sur une version de Chica quand j’ai le dos tourné. J’ai réussi à imposer ma vision des nouveaux Animatroniques cela dit. Il y a Ballora, la danseuse étoile, et, bien sûr, Circus Baby. Quand j’ai dit à Elisabeth qu’elle lui ressemblerait, je crois qu’elle ne pensait pas que ce serait un clown. Elle s’est un peu vexé, mais dans l’ensemble, elle paraît l’apprécier.

La voir sourire de nouveau reste le plus beau des cadeaux. Même si l’accident n’est pas oublié, l’absence de son petit frère lui pèse moins qu’avant. Elle a même accepté de se rendre à son enterrement avec moi. On ne peut pas en dire autant de Michael. Ce lâche n’a même pas osé venir. J’ai coupé tout contact avec sa mère. Elle réclame la garde exclusive d’Elisabeth depuis deux mois. Elle peut aller au diable. Elisabeth… M’aide à tenir… C’est mon rayon de soleil, ma confidente… L’idée qu’elle me soit arrachée m’est insupportable.

Bientôt la cérémonie d’ouverture. Un nouveau départ. Voilà ce dont j’ai besoin. Le passé peut bien se débrouiller seul.

Entrée du 12 septembre 1984, 15h25 - Retranscription écrite

Les Animatroniques sont achevés ! Hourra ! Enfin un peu de repos. Nous avons fait un test de spectacle sur les nouvelles scènes aujourd’hui et tout s’est déroulé sans accroc. Henry avait l’air convaincu et Elisabeth a adoré cette démonstration privée. Je pense encore faire quelques modifications sur Circus Baby. Plutôt que d’empoisonner nos clients avec des pizzas épouvantables, je pourrais créer un distributeur de glaces dans le ventre de l’Animatronique. Les enfants achèteront plus facilement si ça vient de leur personnage préféré. Il ne restera qu’à acheter de la glace. Ca s’annonce compliqué. On a déjà pas les budgets pour les pizzas, il va falloir faire un choix. Si Henry propose encore une fois de faire cuire des pizzas surgelées, je le laisse se débrouiller avec les services sanitaires.

Henry… Il m’a parlé d’un projet bizarre. Il ne veut pas m’en dire plus pour l’instant, mais j’ai peur que ça tourne mal. Je n’aime pas son air énigmatique quand il en parle. Je m’assurerais qu’aucun enfant ne reste près de lui pendant la cérémonie d’ouverture. Je n’ai pas confiance en lui. Parfois, la façon dont il regarde Elisabeth m’effraie vraiment. Hors de question de la laisser seule avec ce meurtrier. Nous avons beau entretenir des relations cordiales, je n’ai pas oublié ce qu’il a fait.

Ce matin, Elisabeth m’a parlé de Georges. C’est la première fois qu’elle utilise son prénom depuis sa mort. Nous avons été lui rendre visite. Elle a pleuré devant sa tombe. Elle s’excusait, encore et encore. Mais elle n’y est pour rien, contrairement à Michael. C’est comme s’il ne regrettait pas son geste. Elle m’a brisé le coeur. Le temps passe vite. Cela fera bientôt un an que c’est arrivé. La nuit, parfois, je revois son petit corps, pendu aux mâchoires de Fredbear… Avant de partir, j’ai demandé son démantèlement à Scott. Les vieux souvenirs doivent rester à leur place, dans une décharge publique.

Plus que trois jours avant l’ouverture. Note pour demain : fixer la putain de mâchoire de Funtime Freddy. Elle a encore sauté ce matin. Ce foutu ours me sort par les trous de nez. J’espère qu’Henry va se réveiller, c’était son idée, pas la mienne !

Entrée du 13 Septembre 1984, 18h59 - Retranscription écrite

Ce matin, j’ai retrouvé Elisabeth sur la scène de Circus Baby. Mon sang s’est glacé. Je lui ai interdit de refaire ça. Ce… Ce n’est pas que je n’ai pas confiance, mais je ne peux m’empêcher d’avoir peur de revivre ce qu’il s’est passé dans le Colorado. Si jamais il lui arrivait quelque chose… Je ne sais pas ce qu’il se passerait.

Aujourd’hui, par hasard, je suis tombé sur un papier étrange. Henry a dû le faire tomber. Ca parlait d’une théorie : l’âme se détacherait du corps après une mort violente pour rejoindre un réceptacle compatible qu’ils hantent. Je… Je crois que c’est pour ça qu’il a tué cette pauvre gamine. Qu’est-ce qu’il peut bien faire dans son atelier toute la journée ?

Elle… Elle s’appelait Charlie. J’ai découvert ça la semaine passée. Ses parents sont venus me voir, pour me demander si j’avais des nouvelles, si j’avais vu quelque chose. J’ai dû les regarder dans les yeux, et leur dire que je ne savais rien de plus, qu’ils devaient garder espoir, que celui qui l’avait enlevé finirait par la ramener. Je ne pouvais juste pas leur dire que j’ai jeté le corps de leur gamine dans les poubelles comme un vulgaire légume pourri. Son corps doit moisir dans une déchèterie quelconque aujourd’hui. Parfois, la nuit, je repense à son visage, figé dans une expression de terreur. Je me sens terriblement coupable. Je sais ce que ça fait, de perdre un enfant. Je ne sais pas si j’aurais supporté de ne pas savoir ce qui a pu lui arriver.

Mais… Je ne sais pas… C’est comme si quelque chose s’était brisé en moi. Sa mort ne m’affecte pas. Ou plus. Je… C’est comme si c’était une autre vie, un autre moi. Suis-je devenu insensible à ce point ?

Entrée du 14 Septembre 1984, 15h25, Retranscription écrite

Oh mon… Je… J’ai entendu un cri provenir de l’atelier d’Henry ce matin. Quand je suis rentré, il était en train d’enfoncer le corps d’un pauvre gamin dans Funtime Foxy. Il criait, il criait tellement fort… Il allait nous faire repérer, il allait alerter les voisins. Quand Henry m’a demandé de lui planter un couteau dans la tête, je… J’ai pas réfléchi, je l’ai fait… Je… Oh mon dieu… J’ai tué ce gamin. Je l’ai tué. Il était en vie… J’aurais pu le… Putain.

Je suis un monstre.

Je…

Je n’ai rien ressenti. Ce n’était pas moi. Je…

Oh mon Dieu, Elisabeth… Elle ne doit jamais le savoir. Jamais.

Entrée du 15 Septembre 1984, 6h25, Retranscription écrite.

Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit. Dès que je ferme les yeux, j’entends le gamin hurler, et je me revois, avec le couteau. Elisabeth n’a rien vu. C’est… C’est mieux. C’est pour son bien. Ce matin, j’ai été voir les robots. Le gamin… Il n’est pas seul. Il y a un gosse dans chacun des putains de robots de l’atelier. Trois enfants… Il a tué trois gosses. Il ne reste que Circus Baby.

Cette nuit… Les robots, ils ont bougé, comme la Marionnette. Tous seuls. Ils sont restés devant les caméras, immobiles, puis ils sont retournés sur leurs scènes. Comme ça. Le cauchemar recommence. Je pense déjà à partir.

J’ai peur qu’ils s’en prennent à elle. A Elisabeth… J’ai… J’ai peur qu’Henry s’en prenne à elle.

Entrée du 16 Septembre 1984, 18h14, Retranscription écrite

Henry a perdu l’esprit. Ce matin, il m’a montré ses projets de recherche. Il veut créer un cirque plus vivant, à partir de l’âme des morts. Il veut prouver aux scientifiques que la réincarnation existe et qu’elle permet d’apporter de nouvelles possibilités d’existences.

Il m’a… Il a osé me dire, yeux dans les yeux, que je pouvais ramener mon fils de cette manière. Que son âme était probablement piégée dans le costume de Golden Freddy et que je pourrais l’avoir près de moi pour l’éternité. Mais son projet n’est pas terminé, et de nombreuses études doivent encore être menées sur le phénomène.

Et c’est là qu’il m’a proposé de l’aider à tuer des enfants, pour les fourrer dans des costumes expérimentaux. Pour observer leurs réactions. Pour observer leur souffrance.

Je… Je devrais le dénoncer à la police. Mais, je suis son complice. Si je plonge avec lui, qui s’occupera d’Elisabeth ? Aujourd’hui, elle m’a encore demandé pourquoi je ne la laissais pas jouer avec Baby, alors que je l’ai conçue pour elle. J’ai trop peur que, si par malheur je tourne le dos, Henry la kidnappe et lui fasse subir le même sort.

Je dois arrêter d’y penser. Demain, c’est la cérémonie de pré-ouverture. Des dizaines de gamins vont venir admirer les nouveaux robots. Je dois les protéger. Henry ne touchera à aucun d’entre eux.

Entrée du 17 Septembre 1984, Retranscription écrite

J’ai demandé à Henry qui était la gamine que j’ai trouvé dans ce vieux costume, au Diner. Je… Je n’aurais pas dû. Elle s’appelait Charlie. Charlie Miller. C’était sa fille. Elle ne l’écoutait pas, et il l’a frappée au visage. Elle s’est claquée la tête contre le sol et est morte sur le coup. Dans la panique, il l’a caché dans le costume de Fredbear et il a fui.

Je… J’avais raison, donc. C’est bien lui qui l’a tuée. Je pense que je cerne mieux le problème. Il cherche à me faire culpabiliser pour que je l’aide dans son entreprise, pour “ramener” Georges. En réalité, il cherche à masquer sa propre culpabilité derrière un masque. Il cherche un moyen de la ramener.

Mais ce qu’il fait est mal.

Juste mal.

J’ai pitié pour ce pauvre gars. On se connait depuis la faculté, et j’ai l’impression que plus le temps passe, plus nous sommes déconnectés. Il a changé. Il est devenu un monstre.

Je ne sais pas comment il peut encore fermer les yeux la nuit, alors qu’il tue des gosses, yeux dans les yeux. Il est fou. Je dois partir d’ici. Le plus rapidement sera le mieux. Je suis sûr que Scott voudra bien me reprendre à la pizzeria. Je n’en veux plus aux robots. J’ai mal pour eux.

Entrée du 18 Septembre 1984, 15h22, Retranscription écrite.

AAAAAAAAAAAAAAAH ! TOUT EST DE TA FAUTE. JE TE HAIS. JE. TE. HAIS. [Bruits de pleurs] AAAAAAAAAAAAAAAH ! JE… JE VAIS TE TUER. Tu l’as tuée Henry, tu l’as tuée, putain...

William, calme-toi. Pose ce pistolet, ça n’arrangera rien.

Tu l’as tuée ! Tu l’as tuée ! NE ME DIS PAS DE ME CALMER ! Elle est morte ! MORTE !

Will…C’était un accident. S’il te plaît, arrête.

FERME-LA ! [Coup de feu] Ne m’approche pas ! Tu l’as tuée comme tu as tué ta gamine ! Je… Qu’est-ce que je vais devenir ? [Bruits de pleurs] Qu’est-ce que je vais devenir, putain ?

Ne fais pas de connerie. Ce n’est pas de ta faute. Circus Baby a eu une malfonction. Ce n’était qu’un accident, je te le jure. Je n’ai rien à voir dans tout ça. Pose ce pistolet !

ALORS À QUOI TU SERS ?! RAMÈNE-LA ! RAMÈNE ELISABETH OU JE TE JURE… Je te jure que je me tue… Je… Je ne peux pas vivre sans elle. Je… Je ne peux pas… Pas elle…

Il existe un moyen, tu le sais bien. Tu le sais comme moi. Je te l’ai déjà expliqué. On peut la ramener. On peut les ramener. Georges et Elisabeth. J’ai juste besoin de ton aide.

Je ne suis pas un putain de meurtrier. Je ne suis pas comme toi. Je… Je ne peux pas…

La mort est injuste, William. Mais… Imagine… Nous pourrions les ramener. Avec Charlie. Ils seraient immortels. Ils ne mouraient plus jamais. Leurs âmes seront ici, avec nous, comme si elles n’avaient jamais quitté ce monde. Fais-moi confiance. Je peux t’aider. Je te le jure.

Comment ?

Pose ce pistolet, et on pourra en parler. Baisse ton arme. Voilà. C’est bien. Viens avec moi. On en discutera. Viens.

Entrée du 25 Septembre 1984, 02h44, Retranscription écrite.

Cette location n’ouvrira jamais. Elle sera oubliée comme les autres. J’ai prétexté une fuite de gaz. Henry et moi avons d’autres programmes pour ces Animatroniques. Il a des plans. Il veut les transformer en machines tueuses… Pour qu’ils fassent le travail à notre place.

Je… Je crois qu’Elisabeth est avec eux. Cette nuit, Circus Baby a bougé. Mais quand elle s’est arrêtée devant la caméra, elle avait ses yeux. Les yeux d’Elisabeth. Elle est prisonnière dans ce corps. Elle… Elle est vivante…

Je revois encore son corps frêle, prisonnier de la cage thoracique de Baby… Elle l’a happée avec la pince réservée aux glaces et l’a broyée sur place. Elle n’a pas eu le temps de réaliser. Je… J’espère qu’elle n’a pas souffert. Henry m’a aidé à enterrer son corps dans mon jardin. On ne peut pas… On ne peut pas risquer qu’elle soit montrée à la police. Sinon, on ne pourrait pas les ramener.

Nous retournons dans le Colorado. J’ai convaincu Scott de me reprendre. De nous reprendre, Henry et moi. Je vais simplement changer de nom, pour ne pas être reconnu. Dave Miller. L’idée vient d’Henry.

Nous les ferons revenir.

C’est une promesse.